Suite aux contraintes liées à la crise sanitaire, les organismes de formation ont proposé des programmes de formation à distance. Permettre aux salariés de se former alors qu’ils sont confinés ou en chômage partiel est une façon de rester dans une démarche positive de développement des compétences.
Faisons le bilan et identifions ce qu’il faut absolument éviter, mesurons les avantages, les inconvénients et les conditions de la formation à distance.
Face à la soudaineté de la situation certains organismes ont réagi dans l’urgence et ont animé des formations à distance, sous le même format qu’en présentiel, avec des outils de visioconférence. Cela signifie que pour une journée de 7h en présentiel, la visio-conférence dure également 7h. Cela n’est pas viable pour plusieurs raisons : premièrement, notre cerveau ne peut pas rester attentif pendant plus de 90 min. De plus, une visio nous oblige à rester centré, les yeux rivés sur l’écran, et sous les feux de la rampe en permanence à 50 cm de la webcam, ce qui est émotionnellement très intense et fatigant. Deuxièmement les personnes qui suivent les formations depuis leur domicile se trouvent dans leur environnement familial où il est compliqué de garantir le calme pendant toute une journée.
Pour offrir des formations à distance de qualité adaptées au contexte, les organismes ont donc dû se réinventer, afin de garder une dynamique interactive intéressante tout en étant à distance. La formule qui se révèle être la plus efficace est celle qui consiste à mixer « e-learning » et « classes virtuelles ». Le e-learning est un type de formation qui rend un contenu accessible via internet, les apprenants y accèdent 24h sur 24, 7j sur 7. Les classes virtuelles permettent de réunir un formateur et plusieurs apprenants qui vont pouvoir interagir en visioconférence. Pour être digeste, une formation de 7h en présentiel peut être transformée en deux sessions de 2h en e-learning, suivies chacune de 1h30 de visioconférence.
Les cours en e-learning ont de nombreux avantages. Le plus notable est d’apporter de la souplesse aux apprenants qui peuvent se connecter à tout moment et progresser à leur rythme. Les technologies e-learning permettent de mixer différents types de contenus (vidéos, cas pratique, quiz…) qui rendent les contenus attractifs. Les outils en ligne permettent d’interagir avec le contenu diffusé, de facilement se mettre en situation et de valider ses acquis au fur à mesure de l’avancement. Le formateur quant à lui a accès aux réponses de chacun et suit individuellement la progression des personnes de manière plus aisée qu’en présentiel, où il est difficile de vérifier la bonne compréhension de 8 personnes réunies. Les classes virtuelles répondent au besoin de traiter les questions individuelles de chacun, de permettre le partage d’expérience et de se livrer à certaines mises en situations qui ne pourraient pas avoir lieu en mode e-learning, comme les jeux de rôle.
Parmi les inconvénients de la formation à distance, il existe le risque de ne pas bloquer les plages de temps nécessaires pour le e-learning. La maîtrise de l’environnement des apprenants pendant les classes virtuelles est hasardeuse : un téléphone qui sonne chez l’un, un enfant qui passe chez l’autre sont autant de distractions qui perturbent le déroulement. Enfin, le mode « à distance » est soumis aux aléas de la vitesse de connexion internet, la qualité du son des micros et de l’image des webcams.
Nous pouvons conclure que la formation à distance atteint ses performances en matière d’acquisition de nouvelles compétences, à condition que l’ingénierie de formation ait été totalement revue avec des séquences variées et rythmées et qui bénéficient des outils interactifs du e-learning ; et à condition que les classes virtuelles soient assez conviviales, courtes et structurées avec peu de participants (4 par exemple) pour favoriser la participation de chacun tout en préservant l’intérêt et la vivacité des apprenants.
Sophie Miguet
Gérante de ValeurSens, entreprise dédiée à l'amélioration de la satisfaction au travail.