Quand nous ne savons pas de quoi sera fait l’avenir, il est difficile de savoir comment communiquer avec les membres de son équipe, et nous pouvons avoir tendance à en dire le minimum. Or cette attitude de repli est dommageable. Privées d’informations les personnes ont tendance à imaginer le pire, ce qui augmente leur état de stress, les démobilise et les soumet à des risques pour leur santé.
Or c’est en période d’incertitude que nous avons d’autant plus besoin de personnes engagées, le rôle du leader d’équipe est donc d’autant plus crucial à ce moment-là.
Même s’il n’a pas réponse à tout, le leader a tout intérêt à être sincère et transparent. C’est en étant honnête qu’il pourra le mieux garder la confiance de son équipe et que celle-ci pourra en retour se préparer et apporter les bonnes réponses pour faire face ensemble.
La crise actuelle nous amène à prendre des décisions inédites comme le recours au chômage partiel pour certains ou le télétravail alors que dans la même organisation, d’autres travaillent à plein-temps ou en présentiel. Dans ce contexte, donner du sens, expliquer la logique de décision évite de nourrir le sentiment d’injustice qui pourrait susciter la frustration et être préjudiciable aux relations entre les personnes. Définir un nouveau cadre en réponse à la situation inédite et l’expliciter clairement permet aux personnes de clarifier ce qu’elles peuvent ou non faire. Cela apporte de la sécurité.
Si les objectifs ne sont plus réalistes et que les résultats apparaissent inlassablement dans le rouge, il est préférable de les réviser en prenant en compte le nouveau contexte. Des objectifs atteignables sont plus motivants et permettent d’apporter de la reconnaissance, l’un des carburants légitimes de la satisfaction du travail.
La situation actuelle a bousculé l’organisation habituelle et certaines équipes sont privées de leurs rituels, qu’ils soient informels lors des pauses café ou formels lors des réunions de pilotage de l’activité. Or nous sommes dans une période où malgré la distance pour certains en télétravail ou la distanciation pour tous, nous avons extrêmement besoin de rester en lien. D’après le psychologue Karasek, nous pouvons surmonter des situations difficiles, à condition notamment de bénéficier d’un soutien social, c’est-à-dire d’être reconnu et épaulé par ses pairs et sa hiérarchie. Si des personnes se sentent mises à l’écart cela peut avoir des conséquences délétères. Dire que l’on est joignable en cas de besoin n’est pas suffisant. Malgré les obstacles, il est essentiel de retrouver ou mettre en place un espace de rencontre physique ou virtuelle à une fréquence régulière. Il s’agit aussi de saisir l’opportunité de la crise pour faire grandir le sentiment d’appartenance de l’équipe où « l’on se serre les coudes face à l’adversité ».
Dans ces plages de rencontre, le leader montre sa disponibilité et son soutien et permet à chacun de s’exprimer, au travers par exemple d’une « météo émotionnelle ». La principale qualité attendue ici est l’empathie, avec sa capacité d’écoute et de reformulation sans jugement. A défaut de solution, le simple fait de se sentir compris apaise. Et si solution il y a, le mieux est encore de donner de la latitude aux personnes car le fait de pouvoir agir, augmente son contrôle sur la situation et aide à surmonter le stress.
Même si les plans initiaux sont fortement perturbés, et parce « qu’à toute chose malheur est bon », faites appel à la créativité et décidez collectivement de la façon dont vous pouvez tirer le meilleur parti de la situation. Cela peut par exemple être l’occasion d’améliorer l’environnement de travail, revoir l’implantation des bureaux par exemple ou rafraîchir les murs, en bref d’apporter du positif. C’est souvent sous contrainte que l’imagination est la plus productive et que les solutions les plus innovantes aboutissent. (Sans le confinement, par exemple, beaucoup d’organismes de formation n’auraient pas proposé de formations à distance).
Sophie Miguet
Gérante de ValeurSens, entreprise dédiée à l'amélioration de la satisfaction au travail.
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