J’avais rendez-vous chez un nouveau fournisseur, un mardi matin à 8h30. A l’accueil, une personne me propose de m’asseoir pour attendre mon interlocuteur et va rejoindre dans un bureau adjacent d’autres collègues avec qui elle discutait. Depuis l’accueil, je pouvais entendre, malgré moi, que le sujet de discussion tournait autour d’une de leurs collègues qu’ils critiquaient sans ménagement. Bien que je ne connaisse pas la personne en question, je me sentais gênée d’être témoin de leurs propos acerbes. Je trouvais assez violent d’entendre des paroles aussi dures et j’étais inquiète à double titre : d'une part, ces personnes avaient peut-être raison et je craignais qu’il ne soit pas une bonne chose de faire appel à un fournisseur dont les salariés sont incompétents, et d'autre part, quel que soit le niveau de la compétence de la personne, je trouvais cruel de parler ainsi d’une collègue, et je me disais que je n’étais pas sûre de vouloir avoir à faire à de telles personnes. Je commençais à remettre en cause mon choix de faire appel à ce fournisseur… Puis l’heure passant, je supposai que mon interlocuteur devait être coincé dans les bouchons, la personne de l’accueil réapparût, et me rassura en me disant que le rendez-vous apparaissait bien sur l’agenda et que mon interlocuteur n’allait pas tarder… Au bout d’une demi-heure, tout de même, elle consentit à l’appeler, et nous apprîmes que, contrairement à nos suppositions, il avait simplement oublié le rendez-vous…Heureusement, je ne l’ai pas pris personnellement, et nous avons replanifié notre entretien.
Cette anecdote m’a rappelé combien nous pouvons créer un véritable enfer relationnel, et comment si nous suivons un certain mode de vie au contraire, nous pouvons avoir accès à plus de bonheur. Ce mode de vie, auquel je fais référence, c’est celui des « 4 accords toltèques » ; ceux-ci sont l’objet d’un livre de Don Miguel Ruiz, que je vous invite à lire si vous souhaitez aller plus loin. Je pense qu’effectivement, nous serions bien plus heureux si nous suivions ces principes simples dans la vie privée comme professionnelle, et je vais vous les résumer.
Le premier principe est « que votre parole soit impeccable ». Les toltèques partent du principe que les mots ont un pouvoir et que selon comment nous les utilisons, nous pouvons aussi bien faire le bien que le mal. Quand je repense à cette anecdote, cela prend tout son sens, car effectivement, quand les critiques sont acerbes, je trouve que cela laisse peu de chances à la personne visée. Si je la rencontrais à mon tour, je ne pourrais oublier ce que j’ai entendu sur elle et quoi qu’elle fasse, je risquerais d’être influencée et de me ranger à l’avis de ses collègues. En effet, la parole négative, les jugements, enferment les personnes. Les toltèques préconisent donc d’utiliser la parole avec vérité et amour. De plus quand nous critiquons quelqu’un, nous avons toutes les chances d’être critiqués à notre tour. C’est ce qui s’est passé pour les personnes qui critiquaient leur collègue : à mon tour je les ai critiquées d’avoir cette attitude…
Ce principe d’avoir une parole impeccable s’applique envers les autres personnes, et également envers soi-même. Les toltèques font ici référence à notre juge intérieur et à sa faculté de nous auto-critiquer, de nous saboter en ne nous estimant pas capable, pas à la hauteur, pas assez ceci ou cela. L’invitation est au contraire de savoir nous apprécier nous-même et de nous dire combien nous nous trouvons formidables et merveilleux. Quand nous savons faire cela, nous avons aussi moins tendance à critiquer les autres pour répondre à notre besoin de nous sentir mieux qu’eux.
Le deuxième accord est « quoi qu’il arrive, n’en faites pas une affaire personnelle ». Nous ne sommes pas responsables de ce que pensent les autres, qui est le fruit de leur histoires personnelles, de leurs croyances… Si ce que ses collègues avaient dit sur elle était revenu aux oreilles de la personne critiquée et qu’elle avait pris tout cela comme la vérité, cela aurait pu être fortement déstabilisant. Si elle s’était dit que la façon de réagir de ses collègues était le fruit de leur imagination, qu’ils ne savaient pas ce qu’il en était vraiment, alors elle aurait pu être en capacité de se relever et de rester intègre, étant la seule à connaître sa vraie valeur. De mon côté, j’aurais pu prendre de manière personnelle, le fait que mon interlocuteur oublie le rendez-vous, j’aurais pu faire un raccourci, en disant « qu’il m’avait oubliée »… Et dans ce cas nous n’aurions pas démarré sur de bonnes bases et avec confiance. Cela aurait eu d’autant plus d’impact si j’avais déjà été précédemment blessée par un manque d’attention à mon égard… Dans cette situation, j’ai préféré ne pas le prendre personnellement et simplement voir ce qui s’est passé pour la personne : elle a oublié le rendez-vous, ce qui peut arriver, et n’a rien à voir avec moi et avec qui je suis.
Le troisième accord est « ne faites pas de suppositions ». Cela revient aussi à ne pas prêter d’intentions particulières à autrui. Il est difficile de nous rendre compte que nous émettons des suppositions, car notre cerveau est en permanence en train de trouver des explications, et souvent nos hypothèses nous semblent être la vérité. J’étais pour ma part persuadée que mon interlocuteur était ralenti dans les bouchons, et la personne de l’accueil était convaincue qu’il allait arriver, tout cela en toute bonne foi. Notre illusion a fait que nous avons tardé à appeler la personne qui seule pouvait nous donner la véritable explication, et j’ai perdu trois quart d’heures.
Les suppositions que nous faisons engendrent bien des malentendus malheureux. Il m’arrive régulièrement de constater qu’un manager pense que son collaborateur sait exactement ce qui est attendu de lui et qu’il fait exprès de ne pas remplir sa mission correctement. Puis je rencontre le collaborateur en question, qui est tout aussi convaincu qu’il n’a pas les moyens de réaliser ce qui lui est demandé, et que son supérieur en est tout à fait conscient. Ces suppositions sont préjudiciables car elles nous font faire l’économie de vérifier, de demander, de communiquer. Or il est vrai que communiquer demande du courage, un effort, de l’énergie. Alors que supposer nous rassure, nous élaborons nos hypothèses, tranquillement dans notre coin, sans être dérangé…
Le quatrième accord est « faites toujours de votre mieux ». Il s’agit ici de faire de notre mieux en fonction de la situation et en prenant soin de nous. Cela signifie que nous n’allons pas être en mesure de faire la même chose selon que nous soyons en bonne santé et en forme, que si nous sommes enrhumés et fatigués. Si nous essayons de faire davantage que ce qui est raisonnable, nous dépensons trop d’énergie et nous agissons contre nous-mêmes sans nous respecter. Si en revanche nous faisons moins que ce dont nous sommes capables, alors nous nous exposons aux regrets, aux auto-jugements négatifs et à la culpabilité. Ce qui n’est pas bon pour l’estime de soi.
Cela signifie aussi que nous ne devons pas nous attendre à faire des miracles, qu’il est inutile de se fixer des objectifs irréalistes, mais qu’il n’est pas pour autant opportun d’abandonner, de baisser les bras, et que cela vaut la peine d’essayer. Cet accord nous invite à passer à l’action, en exprimant qui nous sommes, avec le cœur. Si nous faisons cela, nous mettons de la conscience dans nos actions, ce pour quoi nous les accomplissons, et nous apprécions mieux tout ce que nous faisons. Il s’agit aussi de savoir choisir chaque jour ce que nous réalisons en restant intègres avec nous-mêmes et avec nos valeurs, et de donner du sens à notre vie. Dans le contexte incertain dans lequel nous vivons actuellement, il me paraît important de savoir faire de notre mieux en fonction des événements plutôt que de risquer de nous accrocher à des objectifs figés qui risquent de nous mettre en défaut. « Faire de son mieux » permet en quelque sorte de lâcher prise sur le résultat tout en restant dans l’action, en sachant, et c’est là le plus important, que nous avons fait ce qu’il fallait.
Ces 4 accords reviennent à se respecter et à assumer qui l’on est. Quand nous agissons conformément à qui nous sommes, et en nous focalisant simplement sur le moment présent, alors cela nous permet d’être alignés et clairs. Cela produit davantage de chances d’être heureux, et favorise des relations satisfaisantes.
Sophie Miguet
Gérante de ValeurSens, entreprise dédiée à l'amélioration de la satisfaction au travail.
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